Denis Mukwege, l’homme au cœur en OR, prix nobel de la paix

Bellissima n° 48-2018 | publié le Jeudi 25 octobre 2018

Docteur Denis Mukwege

Le docteur Denis Mukwege «répare» depuis des années les femmes violées victimes des guerres dans l’est de la RDC. Cette année, Denis Mukwege et Nadia Murad se partageront le Nobel qui consiste en un diplôme, une médaille d'or et un chèque de un million de dollars.

Depuis 1999, ce médecin congolais aurait ainsi redonné leur dignité à près de 40 000 femmes du Kivu. Une région à l’est de la RDC qui s’est transformée en un terrain de lutte pour de nombreux groupes armés, qui se disputent entre autres les importantes ressources naturelles de son sol. La région s’est transformée en une zone d’anarchie où les civils sont pillés, violés et tués .

Et parmi les civils, les femmes et les enfants sont encore victimes de viols et de mutilations.
Le Dr Mukwege ouvre un hôpital à Panzi où il fait face à la terreur : viols collectifs, souvent avec objets contondants, avortements à mains nues, utérus et seins sectionnés... Outre le traumatisme, les dégâts physiques occasionnent des plaies purulentes, des incontinences, une stérilité qui condamne ces femmes à vivre dans la misère et l’isolement.
Le Dr Mukwege n’aime pas nommer les responsables ni compter les victimes mais, depuis des années, il ne cesse d’alerter la communauté internationale.
A 63 ans, il est marié et père de cinq enfants.
Après des études en France, il fait le choix de revenir vivre dans son pays.

Il est de fait le porte-parole des millions de civils menacés par les exactions des groupes armés ou des grands délinquants du Kivu, région riche en coltan.
Les sous-sols de cette région contiennent plus de la moitié des réserves mondiales de coltan, un minerai indispensable à la fabrication des téléphones portables.

Cette «guerre sur le corps des femmes», comme l’appelle le médecin, continue encore aujourd’hui. «En 2015, on avait observé une diminution sensible des violences sexuelles. Malheureusement, depuis fin 2016-2017, il y a une augmentation», confiait-il en mars.

Malgré une tentative d’assassinat sur sa personne en 2012, il décide de continuer à se battre pour ces mamans.

Après s’être réfugié avec sa famille en Suède, puis en Belgique, il est rentré en janvier 2013 à Bukavu où des milliers de personnes se sont déplacés pour l’accueillir. Il déclare être rentré pour dire « non à la violence sexuelle, non à la guerre ».

Très croyant, il est le fils d’un pasteur pentecôtiste.
Aujourd’hui, lui-même responsable d’une église pentecôtiste locale, Denis Mukwege estime « ne pas concevoir la guérison sans la participation de Dieu ». Depuis le début de l’année, il a lancé un mouvement féministe masculin, V-Men Congo. Son objectif est « d’éliminer les discriminations et les attitudes misogynes qui font honte à notre humanité et minent les perspectives de développement durable ».

Après le film documentaire belge « L’homme qui répare les femmes » réalisé par Thierry Michel et Colette Braeckman, sorti en avril 2015, le gynécologue-obstétricien congolais Denis Mukwege sera incarné par l'acteur Djimon Hounsou dans un long-métrage qui sera inspiré de « Panzi », son ouvrage coécrit avec Guy-Bernard Cadière en 2014.

Le prix nobel leur sera remis à Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l'industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel (1833-1896).